November 19, 2025
Qu'est ce que le DUERP ? >
Chaque année, des milliers d’accidents du travail surviennent dans les entreprises du paysage.
Selon la MSA, les salariés des espaces verts figurent parmi les plus exposés du secteur agricole : près d’un accident sur quatre implique une blessure liée à l’utilisation du matériel (tronçonneuse, débroussailleuse, taille-haie, tondeuse). Et si les causes varient, un constat revient souvent : le risque était connu, mais non formalisé, ni suivi dans le temps.
Créé en 2001, le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) est obligatoire pour toutes les entreprises, dès le premier salarié.
Son objectif est simple sur le papier : recenser les risques auxquels les travailleurs peuvent être exposés, évaluer leur gravité et leur fréquence, puis planifier des actions de prévention.
Mais dans les faits, beaucoup de dirigeants – surtout dans les petites structures – le vivent autrement : un fichier de plus à remplir, une obligation formelle et administrative parmi d’autres, sans impact réel sur le terrain.
Alors, le Document Unique sert-il vraiment à quelque chose ?
A-t-on déjà démontré qu’avoir un DUERP réduit les accidents du travail ?
À ce jour, il n’existe pas d’étude qui établisse une relation directe et mesurée entre la présence d’un DUERP et une baisse chiffrée des accidents du travail. Cette absence ne signifie pas que le DUERP est inutile, mais qu’il est méthodologiquement très difficile d’isoler son impact.
Dans la réalité du terrain, la sinistralité dépend d’une multitude de facteurs : organisation du travail, formation, management, météo, type de chantiers, niveau d’expérience, implication des salariés… Dans un tel environnement, attribuer une amélioration (ou une dégradation) à un seul outil serait simpliste.
Alors pourquoi ce document a-t-il été rendu obligatoire ?
Si le DUERP est obligatoire dans toutes les entreprises, c’est d’abord pour assurer la traçabilité des expositions et des risques professionnels. L’État veut qu’en cas de contrôle, d’accident ou de contentieux, l’employeur puisse démontrer qu’il a identifié et évalué les risques auxquels ses salariés ont été exposés — produits phytosanitaires, machines, bruit, manutentions, gestes répétitifs, conditions de chantier, etc. Même si la mise en place du portail numérique national et l’obligation de conservation sur 40 ans ont été repoussées, la logique demeure : le DUERP sert de mémoire formelle de l’entreprise, une archive qui documente la démarche de prévention engagée au fil des années et permet d’établir la réalité des expositions, notamment pour les risques dont les effets apparaissent tardivement.
Beaucoup d’entreprises tombent dans un piège : voir le DUERP comme une simple obligation administrative, à remplir une fois pour être en règle puis à ranger dans un dossier. Avec cette vision, il est normal d’y voir peu d’intérêt — un document figé ne change rien au quotidien. Pourtant, utilisé comme un véritable support de réflexion, le DUERP peut devenir un outil puissant pour structurer la prévention et réduire les accidents.

Le rôle du DUERP est celui d'un échafaudage : posé seul au milieu d’un chantier, il n’a aucun effet. Mais intégré à une démarche globale, il fournit la structure qui permet de construire quelque chose de solide.
Le DUERP n’est pas seulement un inventaire des risques : c’est « un outil de pilotage de la prévention », qui répertorie les risques identifiés, les actions déjà mises en place et celles qui restent à engager, avec une mise à jour régulière.
Pour une entreprise du paysage, cette logique de tableau de bord est essentielle. Les risques y sont nombreux et évoluent rapidement : tonte, débroussaillage, taille, mini-pelle, manutentions, travail en pente, météo, EPI, formations… Sans un support structuré, il devient très facile de passer à côté de ce qui compte vraiment, ou de se concentrer sur les mauvaises priorités.
Le DUERP oblige à poser à plat les risques, à les hiérarchiser et à décider des actions à mener en fonction du budget disponible, plutôt que de naviguer “au feeling”. C’est cette planification qui donne de la cohérence à la prévention et permet d’avancer de manière continue, même dans les petites équipes où le quotidien prend souvent le dessus.

Le DUERP n’est pas seulement un document technique : c’est aussi un support de communication interne. En rendant visibles les risques identifiés et les actions prévues, il permet d’expliquer clairement aux équipes pourquoi telle procédure est mise en place, pourquoi un EPI particulier est obligatoire, ou encore pourquoi une formation doit être suivie. Dans un métier où les risques sont multiples — tonte, débroussaillage, machines portatives, sols instables, météo — cette transparence est essentielle pour que chacun comprenne le sens des mesures de prévention.
Au-delà de l’information, le DUERP contribue à instaurer un véritable état d’esprit “prévention”. Lorsqu’il est partagé, discuté et mis à jour avec les salariés, il envoie un signal fort : la sécurité n’est pas qu’une affaire de conformité réglementaire, mais une responsabilité collective. En impliquant les équipes dans l’analyse des risques et le retour d’expérience, l’entreprise renforce la vigilance quotidienne et fait évoluer sa culture interne, un des facteurs les plus déterminants pour réduire les accidents.
Le DUERP ne réduit pas les accidents du travail par sa simple existence.
Ce n’est pas un talisman : aucune étude ne montre une causalité directe entre “avoir un DUERP” et “baisser la sinistralité”.
En revanche, on observe autre chose — bien plus important.
Les entreprises qui prennent le temps d’identifier leurs risques, de les hiérarchiser, puis de mettre à jour régulièrement leur DUERP… sont presque toujours celles qui ont déjà une véritable démarche de prévention. Celles qui discutent avec leurs équipes, qui anticipent les incidents, qui améliorent leurs pratiques au fil du temps.
Ce n’est pas le document en lui-même qui protège. C’est le travail qu’il déclenche, l’organisation qu’il impose, et la culture qu’il installe. Dans un secteur comme le paysage, où les risques changent d’un chantier à l’autre, cette dynamique fait toute la différence : elle permet de mieux voir ce qui compte vraiment, d’éviter les angles morts, et de réduire naturellement la probabilité d’accidents.
Le DUERP n’est donc pas un outil “magique”, mais il agit comme un levier : un point de départ structurant pour bâtir une prévention solide, durable… et réellement utile.
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Parce que la Sécurité au Travail ne doit pas être une galère.